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Revue AFRAM Review.
No 57, Juin 2003
Regards Croisés
sur les Afro-Américains. Hommage à Michel Fabre. Celebrating
Michel Fabre.Textes réunis par Claude Julien. Tours
: Presses Universitaires de Tours, 2003. 359 p. 25 euros.
Préparé à l’initiative de Claude Julien, cet
ouvrage de Mélanges vise un double objectif : rendre hommage à
Michel Fabre autour d’une série d’articles consacrés
à la littérature et la culture afro-américaines dont
Fabre a été l’un des promoteurs en Europe. L’ouvrage
réunit également quelques évocations de son activité
et sa personne.
Ce gros volume contient un grand nombre d’essais critiques dont
je me contenterai de donner les titres. Il se divise en plusieurs sections
:
LINKS ACROSS THE WATERS
— The Pitfalls of Memory
: Cross-Cultural Discourse and Autobiographical Form in Olaudah Equiano’s
Interesting Narrative (Klaus Benesch, Universität Bayreuth)
— Disappearing Acts : the Dramatic Career of Victor Séjour
(Mary Lynn Weiss, College of William and Mary)
— Palmer Hayden : New York - Paris - New York (Patricia Donatien,
Université Antilles-Guyane)
— African American Intellectuals and Europe Between the Two World
Wars (Werner Sollors, Harvard University)
— Frederick Douglass and Primo Levi (Sandro Portelli, Università
La Sapienza)
— “Field Trip into the Twilight”: a German Africanist
at Howard University (Berndt Ostendorf, Universität München)
— Chester Himes Outre-Atlantique (Ambroise Kom, College of the Holy
Cross)
FICTION CORNER
— “Them”, ou
la place des Noirs dans l’oeuvre d’Elizabeth Spencer (Michel
Bandry, Université Paul Valéry, Montpellier)
— Race, Newspapers and Hegemony in Banjo by Claude McKay
(Stephen Casmier, University of Saint Louis)
— Années trente: le regard de Dorothy West (Hélène
Christol, Université de Provence)
— Wideman’s Breadth (Brent Edwards, Rutgers University)
— The Father-Son Paradigm as Microcosm of Diaspora: Theme, Style
and Structure in John Edgar Wideman’s Fiction (Jacqueline Berben,
Université de Nice)
— Toni Morrison: Site and Memory (Claudine Raynaud, Université
François Rabelais, Tours)
— The Devolution of Nuclear Associability (Percival Everett, University
of Southern California at Los Angeles — writer)
THE CARIBBEAN AND THE MAINLAND
— Writing on the External
Frontiers of the Caribbean : Eric Walrond and Vernon Anderson (Françoise
Charras, Université Paul Valéry, Montpellier)
— Michelle Cliff : Writing the Americas as Crossroads (Andrée-Anne
Kekeh, Université de Paris 8)
— René Maran lecteur (Florence Martin, Goucher College)
— Is Memory the Amnesia You Like ? Remarks on Self-Invention and
the Presence of Caribbean Literature in North America (Wolfgang Binder,
Universität Erlangen)
SOCIAL CONCERNS
— Pearl Harbor Blues : Black
Americans in World War II (Leon Litwack, UC Berkeley)
— A Provisional Interpretation of a Difficult Word (Francis Bordat,
Université de Paris X)
— De lieu en lieu, de place en place : le parcours des domestiques
africaines-américaines (Hélène Le Dantec-Lowry, Université
de Paris III)
— La « nouvelle renaissance » de Harlem : entre mise
en fiction et référent (Claude Julien, Université
François Rabelais, Tours)
POET’S CORNER
— Modernity and Tradition
in Sterling Brown’s Poetry: Intertextual Suggestions (Ugo Rubeo,
Università La Sapienza)
— Jeu phonique et énonciation : la structure du langage poétique
de Gwendolyn Brooks (Françoise Clary, Université de Rouen)
Outre ces deux études littéraires,
cette partie comprend des sections plus personnelles :
— A Haiku in Yoruba (Ishmael Reed, UC Berkeley — writer)
— A Tribute and Four Haiku (James Emanuel, City University of New
York -writer)
Vient ensuite la section «
TRIBUTES » :
— Fabre: a Tribute (John
A. Williams, Rutgers University — writer)
— Michel Fabre : a Tribute to a Mentor (Brenda Berrian, University
of Pittsburgh)
— Michel Fabre: a Tribute and a photo portfolio (Bill Ferris, University
of Mississippi)
— Notes on a Colleague (Edward Margolies, University of New York)
— Fellow Scorpios (Hazel Rowley, Harvard University¬ writer).
De toutes les évocations
personnelles, il me semble que c’est James Emanuel qui emploie la
métaphore la plus juste lorsqu’il voit Michel Fabre comme
un « jardin littéraire d’une [haute] magnitude ».
Gardener, tirelessly
Transplanting pens, crossed Harlems
With literate Seines.
Private-eye bookworm,
Green-thumb soul, DIG his method
NO LIMITS his goal.
Michel Fabre a été
un enseignant efficace. Les témoignages de ses anciens étudiants
et collègues vont dans le même sens. L’homme est reconnu
pour sa générosité, son humanisme, sa « connaissance
encyclopédique » des lettres et de la culture afro-américaines
(William Ferris, « A Tribute and a Photo Portfolio »).
Ces qualités humaines et professionnelles, sa passion de la recherche
ont inspiré des générations d’universitaires
à travers le monde. Ainsi James Emanuel, usant de la poétique
condensée qu’offre la technique du haïku, évoque
une méthode de travail, marquée par la précision
et la recherche des significations cachées de l’imaginaire.
Il exprime sa gratitude envers l’universitaire français qui
a contribué à une meilleure appréciation de son œuvre
grâce à une analyse plus fine, allant au-delà des
critiques américaines entachées d’idéologie.
L’écrivain John A. Williams souligne lui aussi le rôle
central que Michel Fabre a joué dans la vulgarisation de la littérature
africaine américaine tant en Europe qu’au plan international.
Dans « A Tribute to a Mentor », Brenda F. Berrian
livre un témoignage dans lequel je me suis quelque peu reconnu
lorsque j’ai rencontré Michel Fabre en novembre 1986 avant
de commettre l’erreur de m’inscrire à l’université
de Nancy, ignorant que j’avais en face de moi le meilleur spécialiste
de Richard Wright. La réputation de Michel Fabre, note Brenda F.
Berrian, était si bien établie aux Etats-Unis que son père,
lui aussi universitaire, l’avait un jour accompagnée à
un rendez-vous avec Michel à New York parce qu’il voulait
saluer l’auteur de The Unfinished Quest of Richard Wright.
William Ferris, quant à lui, rend hommage à un éminent
collègue, dont les échanges universitaires ont été
enrichis par une longue amitié. Il n’oublie pas ces moments
de convivialité passés chez les Fabre où il leur
arrivait d’aider Geneviève à préparer le dîner
certains soirs.
Qui a lu Richard Wright, The Life and Times (2001) de Hazel Rowley,
actuellement à Paris pour sa recherche sur Simone de Beauvoir,
y trouvera surtout le sens du détail. Si Constance Webb, Michel
Fabre, Magaret Walker se sont particulièrement intéressés
à l’évolution spirituelle, politique, littéraire
et philosophique de Wright, Hazel Rowley, quant à elle, nous permet
d’accéder au quotidien de l’homme. Exemple : quand
Fabre révèle que Richard Wright a vécu au 14 rue
Monsieur le Prince, Rowley, elle, entre dans l’appartement pour
reconstituer les lieux et le quotidien des Wright. Son témoignage
commence par la description de la résidence des Fabre, puis elle
livre quelques détails sur l’habitat pour nous révéler
l’individu. Ainsi découvre-t-on que Michel est de signe «
scorpion », le même que Hazel Rowley. Tout au long de sa recherche,
lorsque la biographe était parfois saisie de découragement
et voulait jeter l’éponge, Michel lui rappelait : «
Scorpios just go ahead with things, don’t they ? »
Un numéro spécial de la Revue Commonwealth rend
aussi hommage à Michel Fabre. Préparé à l’initiative
de Jean-Pierre Durix, il regroupe une douzaine d’articles signés,
entre autres, de Wilson Harris, Hena Maes-Jelinek, Jacques Leclaire, John
Thieme, William New et bien d’autres membres de la SEPC.
Ces deux volumes ont été remis à Michel Fabre le
15mai, lors d’une réception à l’Institut du
Monde Anglophone à Paris.
Marc Mvé Bekale
Université de Reims
Share a joke with Michel Fabre.
Paris, Miss., 1979.
Photo by Bill Ferris, University of Mississippi Special Collections.
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